Le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement a lancé le premier Baromètre de la biodiversité, une enquête représentative à grande échelle sur la sensibilisation et les préoccupations de la population belge en matière de biodiversité. Cette étude a été réalisée en collaboration avec Indiville et Bpact.
La publication de ce baromètre coïncidait avec la reprise de la COP16 sur la biodiversité, qui s’est déroulée du 25 au 27 février à Rome. Jean-Luc Crucke, Ministre fédéral de l’Environnement, y a dirigé la délégation belge et a demandé des moyens financiers renforcés pour lutter contre la perte de biodiversité dans le monde.
Une forte inquiétude, mais une sous-estimation de l’impact local
L’enquête, à laquelle ont participé 1 936 Belges, révèle que la perte de biodiversité préoccupe plus de 80 % de la population. Les femmes et les moins de 34 ans, en particulier, sont très sensibilisés à cet enjeu. Un pourcentage impressionnant de 88 % des personnes interrogées s’attendent à ce que la perte de biodiversité affecte leur vie, tandis qu’un tiers d’entre elles (32 %) s’attendent même à un impact « fort ».
Problème des pays lointains et des générations futures
Malgré ces préoccupations, la perte de biodiversité reste un problème « lointain » pour de nombreux Belges. Ils y voient surtout une menace pour les générations futures et les contrées lointaines. Cela peut être attribué en partie à la communication sur la biodiversité, qui se concentre souvent sur des espèces emblématiques telles que les éléphants et les baleines, alors que l’impact sur l’environnement des répondants est moins mis en évidence. Par conséquent, de nombreux Belges sous-estiment le rôle de la biodiversité en tant que tampon contre d’autres défis tels que le changement climatique et la pollution.
Obstacles à l’action et rôle des pouvoirs publics
Bien que de nombreux Belges contribuent déjà, sans le savoir, à la préservation de la biodiversité – par exemple en économisant l’eau et l’énergie ou en achetant des vêtements d’occasion – ils rencontrent également des obstacles qui les empêchent d’aller plus loin. Les principaux obstacles sont le coût élevé des produits durables (65 %), le manque de connaissances sur ce qu’il est possible de faire (29 %), le manque de temps (27 %) et la disponibilité limitée d’alternatives respectueuses de l’environnement (27 %).
Fait remarquable, 82 % des personnes interrogées pensent que le gouvernement devrait jouer un rôle actif dans la protection et la restauration de la biodiversité. Pourtant, il semble que de nombreuses personnes se sentent impuissantes et doutent que leurs actions individuelles puissent faire la différence. Cela souligne l’importance d’une communication claire et porteuse d’espoir sur les actions en faveur de la biodiversité.
Une évolution positive au cours des 10 dernières années, mais il reste encore du travail
Par rapport à une enquête similaire réalisée en 2013, le baromètre montre une évolution positive de la sensibilisation à la biodiversité. En 2013, 7 % des personnes interrogées n’avaient jamais entendu parler de biodiversité, contre 3 % en 2024. La compréhension de la biodiversité en tant que concept complexe – comprenant la diversité génétique et les services écosystémiques – s’est également améliorée, passant de 63 % à 72 %. En outre, les personnes interrogées sont désormais plus nombreuses à se dire conscientes de l’impact de la perte de biodiversité sur leur propre environnement, même si cet aspect reste encore sous-estimé.
Mieux intégrer la biodiversité dans la politique et l’économie
Afin d’accroître la sensibilisation et l’engagement, le SPF Santé publique s’engage à mieux aligner la communication sur les préoccupations des citoyens. Le Baromètre de la biodiversité sera répété régulièrement pour mesurer l’évolution de la sensibilisation et l’impact des mesures politiques. Par ailleurs, le gouvernement fédéral travaille sur plusieurs initiatives, comme le programme Biodiversiscape destiné à rendre les bâtiments et les sites fédéraux plus respectueux de la biodiversité.
Le Baromètre de la biodiversité peut être consulté dans son intégralité sur le site BeBiodiversity.