À la suite de la directive européenne adoptée l’année dernière qui oblige les entreprises à une plus grande transparence en matière de rémunérations, Acerta Consult, expert en ressources humaines, a mené l’enquête en collaboration avec Indiville et Bpact auprès d’employeurs et de travailleurs. Il en ressort que six entreprises sur dix communiquent clairement à leurs employés le salaire qu’ils percevront dans le cadre d’une fonction donnée. Selon l’enquête, les travailleurs discutent également de plus en plus de leur rémunération entre eux : 60 % savent ce que leurs collègues gagnent. C’est en Flandre que la réticence à parler de ce sujet est la plus élevée.
Dans 42 % des entreprises, la question de la rémunération reste taboue
Dans six entreprises sur dix, la question de la rémunération est ouvertement abordée. Dans 30 % des cas, cette communication ouverte s’applique à l’ensemble de l’entreprise, tandis que dans 29 % des cas, seuls les employés partageant la même fonction savent combien gagnent leurs collègues. Les rémunérations des travailleurs restent toutefois encore taboues dans 42 % des entreprises. C’est en Flandre que l’on rencontre le plus de réticences, 53 % des répondants ne communiquant pas à ce sujet.
Une directive européenne pour lutter contre la discrimination en matière de rémunérations
La directive adoptée par le Parlement européen en mai 2023 vise à lutter contre la discrimination en matière de rémunérations et ainsi éviter que l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes ne passe inaperçu faute de transparence. À partir de 2026, les entreprises (employant 150 personnes ou plus) devront faire preuve de transparence quant aux critères qui déterminent les rémunérations et les augmentations salariales. Les candidats devront être informés par leur employeur potentiel du salaire de départ et l’employeur ne pourra plus les interroger sur leurs antécédents salariaux.
En outre, les entreprises concernées devront rendre compte de l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes aux pouvoirs publics nationaux à partir de 2027. Si le rapport fait état d’un écart supérieur à 5 % qui ne peut être justifié par des critères objectifs et non sexistes, celui-ci devra être comblé. En Belgique, l’obligation d’établir un rapport sur l’écart de rémunération s’applique déjà aux entreprises comptant plus de 50 travailleurs. La directive européenne va plus loin.
« Il est donc de plus en plus important que les entreprises abordent la question de la rémunération ouvertement. Non seulement parce que cette communication ouverte est désormais imposée et que des sanctions sont possibles, mais aussi parce qu’elle peut renforcer la relation entre l’entreprise et les travailleurs. Dans un marché du travail toujours tendu, cela peut être un atout supplémentaire pour les entreprises afin de renforcer l’esprit d’équipe et d’attirer de nouveaux talents », selon Dries Rutten, expert juridique à Acerta Consult.
La réticence à parler de rémunération augmente avec l’âge
Le sujet de la rémunération est de plus en plus populaire parmi les travailleurs, 6 sur 10 sachant ce que leurs collègues gagnent. Les 41 % restants vont de « Je préfère ne pas en parler » à « Cela ne regarde personne ». En outre, l’enquête révèle que la réticence à parler de rémunération augmente avec l’âge. Parmi les plus de 55 ans, la moitié (50 %) ne parle pas de son salaire avec ses collègues.