L’IA est-elle synonyme de création ou de suppression d’emplois ? Telle est la grande question qui se pose depuis quelques années. Selon une enquête réalisée par Acerta Consult, en collaboration avec Indiville et Bpact, les avis divergent parmi les chefs d’entreprise et les travailleurs. Par rapport à l’année dernière, deux fois plus d’employeurs pensent qu’ils auront besoin de moins de personnel, mais dans le même temps, 18 % d’entre eux s’attendent à devoir embaucher davantage en raison de la numérisation. Par ailleurs, l’enquête montre clairement la nécessité de former les travailleurs à l’IA, trois quarts des entreprises jugeant même les connaissances dans ce domaine insuffisantes. Ce n’est pas l’avis de la grande majorité des travailleurs, puisque 86 % d’entre eux considèrent avoir une bonne ou très bonne connaissance des dernières technologies.
Les entreprises voient l’IA d’un bon œil
Les chefs d’entreprise se montrent enthousiastes vis-à-vis de l’IA, 80 % d’entre eux y voyant même la source de nouvelles possibilités. Seule une entreprise sur cinq considère la numérisation plutôt comme une menace.
Les travailleurs manquent de connaissances en matière de technologie
75 % des employeurs estiment que leur personnel manque encore de connaissances en matière d’IA et d’autres applications numériques. Pour plus d’un quart (28 %), une grande partie du personnel possède des compétences insuffisantes dans ce domaine. Pour un peu moins de la moitié (47 %), ce déficit de connaissances toucherait une minorité de travailleurs. La proportion d’employeurs qui peuvent affirmer que leur personnel est pleinement au fait de l’évolution numérique n’est que de 25 %. Ces chiffres sont d’autant plus frappants que les travailleurs eux-mêmes disent être à niveau en matière de technologies, 86 % d’entre eux affirmant même maîtriser l’IA.
Les avis divergent quant à l’impact de l’IA sur l’emploi
Les avis des entrepreneurs belges divergent sur l’impact de l’IA. Près de trois entreprises sur dix (29 %) estiment qu’elles auront besoin de moins de collaborateurs. C’est deux fois plus que l’année dernière, où 14 % s’attendaient à ce que l’IA entraîne des pertes d’emplois. Mais pour 18 % des chefs d’entreprise, l’IA signifie création d’emplois alors qu’ils n’étaient que 4 % à le penser l’année dernière.
Les cadres s’attendent à un plus grand impact sur leur travail que le personnel exécutif
Les travailleurs peinent également à estimer l’impact de l’IA sur leur travail. Environ 1 sur 3 (34 %) pense que l’IA n’aura pas d’impact et 17 % n’ont aucune idée de l’impact éventuel et du type d’impact auquel ils doivent s’attendre. Près de la moitié s’attendent à ce que l’IA modifie le contenu de leur travail, un avis largement partagé parmi les cadres (76 %). Parmi les travailleurs occupant une fonction exécutive (38 %) ou les ouvriers (32 %), ce pourcentage est nettement inférieur.
Maria Ferritto, experte en RH chez Acerta Consult, explique : « Nous remarquons que certains profils, comme le personnel exécutif, s’attendent moins à ce que l’IA modifie leur travail de manière significative. La numérisation et l’automatisation touchent surtout les professions qui s’appuient sur la création et sur la connaissance. Bien que l’IA soit un outil rapide et intelligent, il n’existe pas aujourd’hui de systèmes autonomes fiables pour remplacer les emplois. Celles et ceux qui utilisent l’IA, en revanche, y gagneront en termes de résultats et de productivité. Nous pourrons ainsi mieux faire face au défi d’aujourd’hui qu’est la pénurie de main-d’œuvre. Les entreprises belges ont donc tout intérêt à suivre l’évolution de l’IA de près, avec toutes les possibilités et les menaces qu’elle présente tout en communiquant avec leur personnel à ce sujet, et ce, au moment opportun. La capacité d’adaptation à un nouvel environnement de travail deviendra une compétence clé sur le marché du travail de demain. Les travailleurs devront non seulement se recycler, mais aussi se reconvertir lorsque leurs tâches changeront du tout au tout suite à la numérisation. À titre d’exemple, le métier de comptable sera plus axé sur le conseil que sur le calcul, et celle du traducteur davantage sur la vérification que sur la rédaction. »
La formation s’impose
Des formations sur l’IA et d’autres applications numériques sont nécessaires pour renforcer les connaissances des travailleurs. D’ailleurs, 7 employeurs sur 10 le font déjà. Dans 27 % des entreprises, les collaborateurs suivent déjà des formations sur l’IA en vue de faciliter leur travail ou de gagner en efficacité. 42 % des chefs d’entreprise déclarent vouloir organiser de telles formations dans un avenir proche pour rafraîchir les connaissances de leur personnel.
Selon Maria Ferritto, la culture numérique deviendra encore plus importante avec les évolutions rapides de l’IA. « Le constat que font les employeurs n’est pas nouveau : nous avons pleinement conscience du manque de connaissances numériques en général. Or, la culture numérique devient de plus en plus un prérequis, non seulement sur le marché du travail, mais aussi dans la vie de tous les jours. Compte tenu des prévisions en matière d’IA, le constat est sans appel : il faut immédiatement emboîter le pas si nous ne voulons pas continuer à évoluer à deux vitesses. La formation numérique au travail est un investissement qui portera ses fruits dans la guerre des talents, mais qui aura aussi une portée bien au-delà des murs de l’entreprise. »